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Santé maternelle à Badiana : Un cri du cœur au milieu des journées culturelles et économiques

BIGNONA – Ce lundi 29 décembre 2025, le village de Badiana (Commune de Djinaky) a vibré au rythme du lancement de la 31ème édition de ses traditionnelles Journées Culturelles et Économiques. Sous les couleurs de la célébration, une réalité s'impose : ici, le développement porte un foulard et s'écrit au féminin. Mais derrière les hommages et les millions mobilisés, une urgence sanitaire demeure.


Pour cette édition, les organisateurs n'ont pas cherché loin leur source d'inspiration. Le thème, « Les femmes de Badiana pour un développement inclusif », rend justice à celles qui font tourner l'économie du village. Les chiffres avancés par le responsable de l'association locale Ibrahima Diédhiou sont vertigineux : plus de la moitié des recettes annuelles de l'organisation proviennent directement de la poche des femmes.

Qu’elles soient maraîchères ou réunies en Groupements d’Intérêt Économique (GIE), ces femmes, qui ne sont pas des salariées de bureau, parviennent à mobiliser des parrainages allant jusqu'à 2 millions de FCFA. « Ce sont elles qui dynamisent nos activités. Sans elles, nous n'arriverions à rien », reconnaît-on avec émotion lors des discours d'ouverture.

Pourtant, malgré cette force économique, une faille critique menace la sécurité des habitantes de Badiana. Le village dispose d'un poste de santé et d'un nouveau matériel échographique, mais le bâtiment sonne creux : Badiana manque cruellement d’une sage-femme résidente. L'ancienne titulaire ayant quitté son poste pour poursuivre ses études à Dakar, le village se retrouve dans une situation précaire. Situé à une distance considérable des districts sanitaires de Bignona et de Diouloulou, Badiana vit dans l'angoisse de l'urgence obstétricale. « Sans une sage-femme, le fonctionnement même de notre échographe posera problème », s’alarme Ibrahima DIEDHIOU, Président de l'AJCEB Association des Journées Culturelles et Économiques de Badiana.

Pour parer au plus pressé, la communauté a pris ses responsabilités en finançant sur fonds propres la formation d'une "Matronne" locale pendant neuf mois. Revenue le 11 novembre dernier, elle assure l’intérim avec l’infirmier chef de poste. Cependant, le message envoyé aux autorités étatiques et sanitaires ce lundi est sans équivoque : Badiana a fait sa part du chemin en investissant dans l'humain et le matériel. Il est désormais temps que l'État soutienne ce bastion du développement communautaire en y affectant le personnel qualifié nécessaire.

À Badiana, la fête continue, mais l'appel au secours, lui, reste gravé sur les murs du poste de santé.
Lundi 29 Décembre 2025
Amady Khalilou Diémé