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KEVIN DE BRUYNE : LE MAITRE DU JEU

Si le football était de la littérature, je classerais Kévin De Bruyne parmi ces poètes sans cesse à la recherche du beau vers. Je suis un de ces observateurs, de ces amoureux du ballon rond qui pensent que le sport en général et le foot en particulier c’est de l’art. Depuis la médiatisation de ce sport, ils sont peu nombreux à pouvoir se targuer de faire partie de ces étoiles qui le font briller. De Garrincha à De Bruyne, ces footballeurs sont d’abord des créateurs, toujours à la recherche de la forme, du style, visant la perfection. C’est particulièrement vrai lorsque l’on occupe le poste de numéro dix, communément appelé meneur de jeu.


KEVIN DE BRUYNE : LE MAITRE DU JEU

KDB alias Ginger pelé (le pelé roux) est au sommet de son art, et on ne le dit pas assez, il n’a pas les éloges qu’il mérite, du fait certainement d'un manque de titre européen avec les Skyblues et les diables rouges. Kevin De Brune fait déjà partie des meilleurs joueurs de la planète foot. Comme dans toutes les grandes équipes, il y a un chef d’orchestre, un joueur qui tient les clés du jeu, qui tire l’équipe vers le sommet et dont les performances impactent fortement celle de son club.

À Manchester City, l’homme qui endosse ce fardeau c'est lui.  Polyvalent, créatif, joueur complet avec ses longs shoots et une élégance balle au pied associée à une précision diabolique. Il fait tout.  « Sans le ballon, il est le premier à se battre, et avec le ballon, il est clairvoyant. Il voit absolument tout, ce qui fait de lui un joueur spécial », disait son coach Pep Guardiola.  Le Belge est paradoxalement l’un des meilleurs milieux offensifs dans le même registre que Modric, Fabrégas, Iniesta pour ne citer que ceux-là.

Fort de ces qualités techniques, il est utilisé par ses entraîneurs comme numéro dix en même temps électron libre. Il peut faire la différence à tout moment, quelle que soit sa position sur le terrain. Son style de jeu me rappelle un certain Lionel Messi quand il était au sommet de sa gloire avec le FC Barcelone.

                                  Un mental d’acier

Très jeune, Kevin De Brune est ballotté entre internat et famille d’accueil pour suivre sa passion, loin de sa famille ; il a connu une adolescence difficile, mais très formatrice, car il va surmonter beaucoup d’épreuves pour arriver à ses fins.  Il va rejoindre le KRC Genk et la Gantoise deux centres de formation réputés en Belgique, connus autant pour leur organisation immaculée que pour les nombreux joueurs talentueux qui y sont passés et ont intégré ensuite le firmament des stars du foot. Sans être exhaustif, on peut citer : Mido, Khalilou Fadiga, Thibaut Courtois, Yannick Carrasco, Christian Benteke, Origi ou encore Khalilou Koulibaly, etc.

 

 

 

 

 

KBD était déjà sous le feu des projecteurs depuis ses débuts en centre de formation, mais c’est en octobre 2011 qu’il commence à marquer les esprits, avec le premier triplé de sa carrière (deux lucarnes, un piquet) contre FC Bruges soldé d’une victoire de 5 buts à 4. Une nouvelle star du football belge est née. Il finit la saison avec huit buts et quinze passes décisives, signant de la plus belle des manières ses débuts avec les diables rouges. Tous les mastodontes des clubs européens ont les yeux rivés sur la star montante du football belge. Ce dernier choisit de poser ses valises en premier league à Chelsea.

Quand il est arrivé en Outre- Manche en août 2012, là où le foot est une religion, c’était pour confirmer son talent. Cela ne s’est pas fait comme il le souhaitait : il est déçu, car prêté en Allemagne au Werder Bremen pour avoir plus de temps de jeu.  Il fait une saison satisfaisante, le milieu belge enflamme le stade Weserstadion match après match avec ses gestes techniques. Passeur sans égal, il marque également des buts splendides. Il gagne le cœur des supporters Brêmois et rappelle le passage d’un certain Mezut Ozil.  

Après cette saison remarquable, à l’été 2013, KDB revient à Londres chez les blues. Les fans, les observateurs s’attendent à une confirmation, mais rien ne se passe comme prévu, José Mourinho le met à l’écart. Le joyau belge ne fait pas partie de ses plans. En quatre mois il n’a fait que quelques apparitions (400 minutes de temps de jeu) :  une nouvelle déception qu’il vit très mal. L’idylle prend fin.

Le génie belge ne se décourage pas, il va rebondir encore en Allemagne à Wolfsburg pour un nouveau contrat. La machine De Bruyne est relancée à la saison (2014-2015), il réussit enfin à prendre du plaisir. Il passe une saison exceptionnelle avec son rôle de meneur de jeu tant convoité à Chelsea. Il démontre que Mourinho s’est trompé en distillant vingt et une passes décisives, devenant le meilleur passeur du championnat européen devant Messi et Fabrégas. Au terme de la saison, KDB et ses coéquipiers terminent deuxième du championnat où il a été l’artisan de cette consécration. Il est élu meilleur joueur de la Bundesliga par ses pairs. Malgré cette belle saison couronnée de distinction individuelle, Kévin De Brune n’a pas oublié son passage raté à Chelsea. Il va continuer l’aventure anglaise et veut réussir là où il a échoué, il quitte l’Allemagne avec beaucoup de maturité en août 2015 pour Manchester city.

                    KDB l’angle mort du foot business.

L’arrivée de KDB à Manchester city a été un défi, car malgré le nouveau projet avec le Fonds d’investissement d’Abu Dhabi, le club peine à se trouver une place sur la scène européenne. De Brune doit s’imposer comme le patron du milieu. Il le devient rapidement grâce au technicien espagnol Pep Guardiola. Ce dernier a une philosophie de jeu qui colle parfaitement bien avec les qualités de KDB : un jeu technique et une possession du ballon basée sur les passes courtes. KDB devient la pierre angulaire d’un dispositif qui sera la marque de fabrique de l’équipe.

Kévin De Bruyne est le numéro dix qui m’a le plus impressionné ces dernières années. Observateur assidu du football anglais, j’ai eu la chance de le voir jouer aussi bien à l’Etihad stadium qu’à l’extérieur. À chaque fois que je le vois jouer j’ai toujours la même sensation, le même plaisir. Dans les tribunes j’entends que des propos positifs des supporters de city, mais aussi parmi les les fans des équipes adverses, « What a great player », « He is very good », « Amazing Player » …

C’est toujours regrettable de ne pas voir les hommes de l’ombre récompensés à leur juste valeur. Pourtant cet homme c’est le soleil qui fait briller les autres. Comme le soleil semble être une évidence, on ne fait pas attention et c’est injuste.  En rédigeant ces lignes une certaine colère m’habite du manque de reconnaissance de tous ces talents oubliés, de ces gloires non reconnues, devenues des angles morts du football qu’ils s’appellent Kévin De Bruyne, Sadio Mané ou encore Yaya Touré… 

Aujourd’hui les instances de foot (UEFA, FIFA, Ballon d’or France Foot, the Best…) doivent revoir leurs copies dans les récompenses sans favoritisme, ni lobbying ou encore d’influence de clubs « puissants ». Ils doivent être dans le juste milieu, comme KDB sait le faire dans un match de foot : c’est-à-dire assurer l’équilibre entre la phase défensive et la phase offensive.

Bassirou Sakho

Conseiller Sportif

Playmaker Sport Agency

Londres

Lundi 10 Octobre 2022
La Rédaction / Samboudiang Sakho