Des patients guéris de Covid-19 racontent leur galère (Abdou Kane)

Même guéris de la maladie, certains patients de Covid-19 ne semblent pas tirés d’affaires. Ils vivent un véritable psychodrame fait d’impuissance sexuelle, de perte de gout et de stigmatisations. 

 En plus de faire chaque jour des victimes au Sénégal, la Covid-19 est en train de de créer un drame familial chez les couples. En effet, deux malades dont un homme et une femme qui ont  préféré garder l’anonymat ont confié à WalfQuotidien leurs secrets intimes. Ils   expliquent toute l’amertume et l’angoisse qu’ils ressentent depuis qu’ils sont guéris du coronavirus. Ainsi, après avoir fait les frais de cette maladie, l’homme  âgé de 34 ans du nom de Ab. Niang,  marié et père de trois enfants,  souligne que, depuis qu’il est sorti de l’hôpital, donc guéri, c’est à une autre maladie qu’il fait face. «Je n’ai plus goût à la vie», confie-t-il au téléphone, l’air désemparé. Et pour donner les raisons, ce dernier explique que, depuis qu’il est guéri de la Covid-19, il rencontre des difficultés liées à un dysfonctionnement érectile. «Je suis devenu très inactif au  lit. J’ai essayé de faire des efforts avec mon épouse, mais je n’y arrive pas du tout. Je suis sûr que si cela continue comme ça, je risque de la perdre. Au début, malgré que je sois guéri,  ma femme avait même peur de m’approcher. Elle hésitait beaucoup à avoir des rapports sexuels avec moi. Car pour elle, je ne suis pas complétement guéri. Et que je pourrai lui refiler la maladie. C’est à peine qu’elle a finalement accepté de se retrouver dans le même lit que moi», laisse entendre Ab. Niang au bout du fil.  Pour y arriver, poursuit-il,  il a fallu qu’il fasse appel à un médecin qui a finalement rassuré sa conjointe. «Même si la Covid-19 ne m’a pas tué, elle a bouleversé ma vie», confie l’époux. Aujourd’hui, M. Niang qui digère très mal ce qui lui arrive, craint de perdre son épouse et que ses enfants aussi l’abandonnent. C’est pourquoi, dira-t-il, il est en train de tout faire pour retrouver toutes ses facultés physiques. 

Ce problème d’impuissance sexuelle n’est pas l’apanage des hommes. Penda. D témoigne, à son tour, que depuis qu’elle est guérie de ce virus il y a de cela 3 mois, c’est comme si la vie n’existait plus pour elle. La femme qui a préféré garder l’anonymat de nous exposer le calvaire qu’elle a vécu pendant son hospitalisation et après sa sortie de l’hôpital. «Pendant mon hospitalisation dans un hôpital de la région de Louga,  j’ai beaucoup souffert avec des toux et vomissements qui ne s’arrêtaient presque pas. J’ai tellement vomi que j’ai fini par avoir des douleurs au niveau de mes poumons», renseigne Penda. D. Pour elle, ses premiers jours d’hospitalisation dans cet hôpital étaient un enfer. Car  elle avait souvent des vertiges et perdait le goût. Heureusement,  après des soins intenses, elle a pu se tirer d’affaire.  Après les dernières analyses, soutient-elle, les résultats sont revenus négatifs. Et c’est son médecin traitant qui lui avait annoncé la bonne nouvelle. Mais celle-ci ne durera que le temps d’une rose. Car, elle qui se croyait complétement guérie avait perdu tout appétit sexuel. Et pourtant, «cela ne m’est jamais arrivé», précisera-t-elle. «Au lit, je ne sens même pas que je suis avec mon époux, malgré les efforts de ce dernier» confie-t-elle. Pensant qu’elle n’était pas complétement guérie, elle fera appel, indique-t-elle, à son médecin traitant pour y voir plus clair.  Le professionnel de la santé de lui dire qu’elle était complétement guérie. Et qu’il n’y aurait aucun lien de cause à effet entre ce virus et la frigidité qu’elle vit depuis sa sortie de l’hôpital. N’étant pas rassurée, elle a commencé à se soigner auprès des guérisseurs traditionnels.  

Abou KANE