SETER : les employés sénégalais dénoncent une « colonisation managériale »


Un climat de tension, de peur et de mépris règne au sein de la Société d’exploitation du Train Express Régional (SETER), selon plusieurs employés sénégalais qui dénoncent des conditions de travail dégradantes et une gestion qualifiée de « colonisation managériale ». Les griefs portent principalement sur le directeur général Charles Civreis et le président du Conseil d’administration Pierre Boutier, dont les salariés réclament le départ immédiat.

Selon des sources internes citées par le journal Les Echos, le style de gestion des deux responsables est perçu comme « arrogant, condescendant et irrespectueux ». Les employés nationaux se disent victimes de micro-management, de remises en cause permanentes et d’humiliations voilées. Certains cadres sénégalais expérimentés, poussés vers la sortie, auraient été remplacés par des expatriés mieux rémunérés, dans un système financé, selon les salariés, « sur le dos du contribuable sénégalais ».

Plusieurs cadres de haut niveau auraient démissionné en raison d’un climat devenu « insoutenable ». Parmi les exemples cités, la Directrice administrative et financière (DAF) sénégalaise aurait été remplacée par un expatrié, tandis qu’un Directeur du Contrat issu d’un cabinet français aurait été embauché avec des avantages salariaux jugés disproportionnés. Ces pratiques alimentent un sentiment de dépréciation systématique des compétences locales.

Les accusations vont au-delà des questions de management. Selon des sources internes, Charles Civreis œuvrerait pour favoriser des entreprises françaises dans l’attribution des marchés liés à l’exploitation et à la maintenance du TER. Sont également évoquées des pressions, la diffusion d’informations incomplètes et la dissimulation présumée de données financières, dans le but d’influencer la reconduction du contrat d’exploitation.

Face à cette situation, les travailleurs ont interpellé le président de la République Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, réclamant une intervention urgente pour « défendre l’entreprise, protéger le service public et restaurer un climat fondé sur la dignité, le respect et la souveraineté ».

La question du contrat d’exploitation et de maintenance (CEM), signé en 2023 pour une durée de trois ans et arrivant à échéance en janvier 2026, est également au cœur des préoccupations. Alors que l’État sénégalais est entré au capital de la SETER, une renégociation des termes du contrat est envisagée pour renforcer la transparence et la souveraineté opérationnelle, notamment à l’approche des grands événements internationaux et de la montée en charge du TER.
Vendredi 14 Novembre 2025
Amady Khalilou Diémé

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