REPORTAGE : L’ÉCOLE DE LA DERNIÈRE CHANCE AU CŒUR DE LA PETITE CÔTE


CAMPEMENT NGUÉKOKH –  Un miracle pédagogique vient d’être officiellement baptisé Samedi dernier avec l’inauguration des Cours Privés d’Excellence Mandionka. Cette cérémonie  était un cri de ralliement pour une jeunesse menacée par l'abandon scolaire dans cette localité de la petite côte, entre excellence académique et mission de sauvetage social, plongée au cœur d’un établissement qui défie les statistiques.

 

Un rempart contre la rue

À Nguekokh, l’école publique craque sous le poids de la démographie. Le constat de Kemo Dassylvaest sans appel : une fois qu'un enfant a redoublé deux ou trois fois, le système le rejette. Sans moyens pour intégrer le privé classique, ces « naufragés du système » finissent dans la rue.

C’est pour eux que Kemo Dassylva a érigé les Cours Mandionka en 2022. Ici, le « Plan A » n’est pas le profit, mais la solidarité. Avec une politique tarifaire défiant toute concurrence, l’école accueille 90 % d’enfants issus de familles démunies. « Chaque enfant mérite une chance », martèle le fondateur. Dans cette zone de la Petite Côte, Mandionka n'est pas qu'une école, c'est un bouclier social.

 

La recette du succès : Travail, Discipline, Sacrifice

Ne vous y trompez pas : accessibilité ne rime pas avec médiocrité. Bien au contraire. Les chiffres de la session 2025 donnent le tournis aux structures les plus huppées de la région :
75 % de réussite au CFEE 81,25 % d’admission en classe de 6ème

Le secret ? Un encadrement de fer dans un gant de velours. Le Directeur Maodo Fall salue une équipe pédagogique qui « ne compte plus ses heures ». On cite en exemple ce maître de CM2, véritable apôtre du savoir, qui sacrifie ses dimanches et ses jours de fête pour s'assurer qu'aucun élève ne reste sur le bord du chemin.

 

Une inauguration sous le signe de l'unité

La cérémonie de ce samedi a drainé une foule immense. Autorités locales, acteurs de l’éducation et une forte délégation de la communauté Manjacque ont fait le déplacement. Dans un discours tourné vers l’avenir, Kemo Dassylva a rappelé que ces nouveaux bâtiments ne sont pas une fin en soi, mais un « levier pour investir dans le capital humain ». « Inaugurer une école, c’est bâtir des espérances », a-t-il lancé devant une assemblée conquise, avant de souhaiter ses vœux pour une année 2026 placée sous le signe de l'engagement citoyen.

 

L’appel au secours lancé à l’État

Pourtant, derrière les sourires de la célébration, l’inquiétude demeure. Si Mandionka réussit son pari, l’établissement ne peut pas porter seul toute la misère éducative du secteur.

Kemo Dassylva a profité de la tribune pour lancer un appel solennel aux autorités étatiques. Le message est clair : l’initiative privée citoyenne a montré la voie, mais le quartier de Campement Nguekokh a besoin du soutien de l’État. Combien de talents resteront encore gâchés dans les rues avant que ce modèle de solidarité ne soit soutenu et répliqué ?

 

Prenant part à la cérémonie, Pape Songué Diouf, le maire de la commune de Nguekhokh a salué l’initiative qui, selon lui, ”participe au renforcement pédagogique de la commune de Nguekhokh”.

Le maire a aussi réaffirmé le soutien de la municipalité qu’il dirige à l’établissement scolaire.

 

L’école Mandionka a allumé une mèche d’espoir. Reste à savoir si l’État saura entretenir la flamme avant qu’elle ne s’éteigne sous le poids des défis sociaux de la Petite Côte.

Lundi 29 Décembre 2025
Amady Khalilou Diémé

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