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"Le problème du remède Covid-Organic, c'est qu'il vient d'Afrique".


« Le problème, c’est que ça vient d’Afrique ». S’était indigné le président malgache Andry Rajoelina en réponse au mépris du monde occidental vis-à-vis du Tambavy CVO.
Une décoction à base d’Artemisia afra, connue sous le nom de Covid-Organics. C’est une tisane inventée par l’I.M.R.A (Institut Malgache de Recherches Appliquées) dans la lutte mondiale contre la pandémie Covid19.

Le lancement en grande pompe de ce remède par le président Rajoelina le 20 avril 2020 a suscité espoir d’un côté et scepticisme voire critiques de l’autre. Ces réserves et critiques ont été vécues comme du mépris ou de la condescendance de l’Occident. Je m’inscris en faux contre cette vision largement partagée en Afrique. Car pour moi, il ne s’agit pas de condescendance occidentale. Sinon, que dire des nombreux autres pays africains qui n’applaudissent pas Madagascar.

Il serait utile dans le contexte actuel, de rappeler le paradigme sur le prisme duquel, le monde fonctionne depuis belle lurette. L’occident crée, le monde et surtout l’Afrique consomme.
Cet état de fait, dure depuis au moins les « indépendances » des pays africains. Nous africains, vivons une dépendance affolante au reste du monde. La denrée de première nécessité, la plus consommée en Afrique, nous vient d’Asie. On pourrait dire, sans risque de se tromper, que nous sommes incapables de produire suffisamment de riz pour nous nourrir. Nous avons même abandonné la médecine des plantes, jadis efficace et chérie par nos aïeuls, au profit des comprimés de Big Pharma.

Nos leaders Politiques et tous ceux qui ont les moyens financiers, partent se faire soigner de l’autre côté de la Méditerranée, ou de l’Atlantique. La majorité de la jeunesse africaine, « déracinée qu’elle est», nourrit un mépris sec vis-à-vis de la tisane médicinale de son tradipraticien. Et elle se tourne vers le docteur de l’hôpital (quoique compétent), qui va lui fournir, à prix d’or, des médicaments, venus d’ailleurs, souvent contrefaits. Dans la plupart des pays africains, le concept du « consommer local » est devenu ringard depuis longtemps.
Je rappelle que la quasi-totalité́ des ressources naturelles, nécessaires à une meilleure vie sur terre, sont éparpillées sur le continent africain par la nature. Mais notre immobilisme nous condamne à la dépendance totale aux autres pour tout exploiter et transformer.

Le monde occidental ne connaît pas l’Afrique créatrice de médicaments ou de vaccins. Donc, le lancement par Madagascar, d’un remède capable de sauver le monde du coronavirus19 a de quoi surprendre plus d’un. La réaction d’étonnement du reste du monde est normale. La nouveauté questionne toujours. Nous, africains, ne devrions pas nous offusquer de la situation. Il faut plutôt persévérer dans cette nouvelle voie. C’est la condition de notre réelle indépendance future. Pour cela, acceptons la moquerie des gens qui n’ont pas l’habitude de voir l’Afrique dans le costume du créateur. La norme jusque là, connue, est la suivante: l’Occident crée ou fabrique et l’Afrique consomme.
Tout comme la Chine, moquée à ses débuts, par tout le monde. Ses créations ou fabrications sont qualifiées de pacotilles (bas de gamme). Malgré tout, elle a persévéré. Aujourd’hui, l’Empire du Milieu est devenu le géant mondial que l’on connaît dans tous les domaines.

Ainsi, le paradigme de départ a légèrement évolué: c’est toujours l’occident qui crée, l’Asie produit et l’Afrique reste l’éternel consommateur.
Ce constat s’est vérifié avec la pandémie Covid19. Les principes actifs des médicaments et la technologie des masques sont créés par l’Occident, les productions sont réalisées par la Chine et l’Inde pendant que l’Afrique attend avec appréhension pour consommer.
Madagascar vient de poser les jalons d’une révolution. Celle qui veut une Afrique proactive dans les innovations et les créations pour le monde de demain. Il ne faut pas se décourager. Comme le disait si bien l’adage populaire, « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ».

Lamine BADJI  
 
Lundi 18 Mai 2020
M.S.S