Par la voix de Bakary Dembo Diédhiou, natif du village et responsable de la section locale, le message est clair : Ebinkine prie, mais Ebinkine crie aussi sa détresse.
Un grenier à riz menacé par « la langue salée »
C’est le paradoxe d’Ebinkine. Le village possède parmi les rizières les plus riches du département. « Si Ebinkine ne cultive pas, c'est tout le département qui ne cultive pas », martèle Bakary Diédhiou. Pourtant, une menace invisible mais dévastatrice gagne du terrain : la salinisation.
L’avancée de la « langue salée » dévore des centaines de mètres de terres cultivables chaque année. Sans intervention, les populations craignent de voir leur gagne-pain disparaître sous une croûte de sel d'ici dix ans. À cela s'ajoute une déforestation sauvage. Là où les arbres cachaient autrefois les villages voisins, on voit désormais à perte de vue. Les « caïlcédrats » géants sont rasés, laissant le sol à nu.
L’enclavement : 20 ans de solitude routière
Pour rejoindre Ebinkine depuis Binako, le voyage est un calvaire. La route, artère vitale pour l’évacuation des productions de fruits et de riz, n’a pas été réhabilitée depuis deux décennies. Le constat : Un tracé « chaotique » qui freine tout développement économique. L’urgence : Désenclaver cette zone de forte production pour permettre aux agriculteurs de « couler » leurs produits vers les marchés Santé et Éducation : Le système D au bout de ses limites
Le tableau social n'est guère plus reluisant. Si le village dispose d'un poste de santé construit il y a dix ans, il manque l'essentiel : un logement digne pour l'Infirmier Chef de Poste (ICP). Actuellement logé chez l'habitant, l'ICP ne peut répondre aux urgences nocturnes avec la réactivité nécessaire.
Côté éducation, les enfants apprennent le Coran et la langue arabe sous des abris provisoires. Une situation précaire que les populations tentent de pallier par leurs propres moyens, mais qui ne garantit pas des conditions d'apprentissage décentes pour la nouvelle génération.
L’Imam Philosophe : L’âme du village
Malgré ces épreuves, la foi reste le ciment de la communauté. Le Gamou a été l'occasion de rendre hommage à l’ancien Imam, une figure quasi mystique surnommée « l'Imam philosophe ». Un homme qui a formé des générations au Coran et dont les paroles sibyllines sur l'équilibre de la nature (l'humidité et la chaleur) résonnent aujourd'hui comme un avertissement écologique.
« Nous sollicitons un appui, pas une aumône. » Bakary Dembo Diédhiou et les populations d’Ebinkine réclament aujourd'hui des murs pour leur mosquée, une clôture pour leur école, des moissonneuses-batteuses pour les femmes, et surtout, une route pour rester liés au reste du Sénégal.
Un grenier à riz menacé par « la langue salée »
C’est le paradoxe d’Ebinkine. Le village possède parmi les rizières les plus riches du département. « Si Ebinkine ne cultive pas, c'est tout le département qui ne cultive pas », martèle Bakary Diédhiou. Pourtant, une menace invisible mais dévastatrice gagne du terrain : la salinisation.
L’avancée de la « langue salée » dévore des centaines de mètres de terres cultivables chaque année. Sans intervention, les populations craignent de voir leur gagne-pain disparaître sous une croûte de sel d'ici dix ans. À cela s'ajoute une déforestation sauvage. Là où les arbres cachaient autrefois les villages voisins, on voit désormais à perte de vue. Les « caïlcédrats » géants sont rasés, laissant le sol à nu.
L’enclavement : 20 ans de solitude routière
Pour rejoindre Ebinkine depuis Binako, le voyage est un calvaire. La route, artère vitale pour l’évacuation des productions de fruits et de riz, n’a pas été réhabilitée depuis deux décennies. Le constat : Un tracé « chaotique » qui freine tout développement économique. L’urgence : Désenclaver cette zone de forte production pour permettre aux agriculteurs de « couler » leurs produits vers les marchés Santé et Éducation : Le système D au bout de ses limites
Le tableau social n'est guère plus reluisant. Si le village dispose d'un poste de santé construit il y a dix ans, il manque l'essentiel : un logement digne pour l'Infirmier Chef de Poste (ICP). Actuellement logé chez l'habitant, l'ICP ne peut répondre aux urgences nocturnes avec la réactivité nécessaire.
Côté éducation, les enfants apprennent le Coran et la langue arabe sous des abris provisoires. Une situation précaire que les populations tentent de pallier par leurs propres moyens, mais qui ne garantit pas des conditions d'apprentissage décentes pour la nouvelle génération.
L’Imam Philosophe : L’âme du village
Malgré ces épreuves, la foi reste le ciment de la communauté. Le Gamou a été l'occasion de rendre hommage à l’ancien Imam, une figure quasi mystique surnommée « l'Imam philosophe ». Un homme qui a formé des générations au Coran et dont les paroles sibyllines sur l'équilibre de la nature (l'humidité et la chaleur) résonnent aujourd'hui comme un avertissement écologique.
« Nous sollicitons un appui, pas une aumône. » Bakary Dembo Diédhiou et les populations d’Ebinkine réclament aujourd'hui des murs pour leur mosquée, une clôture pour leur école, des moissonneuses-batteuses pour les femmes, et surtout, une route pour rester liés au reste du Sénégal.